lundi 8 juin 2009

Silences


Depuis le 18 avril et jusqu'au 23 août, le Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg accueille l'exposition "Silences", proposée par le cinéaste Marin Karmitz. Ce sont d'abord les affiches exposées dans Strasbourg qui m'ont donné envie d'aller y jeter un oeil: une annonce épurée, réduite au minimum, mais servie par une typographie originale. 

Marin Karmitz, fondateur de MK2 et défenseur du cinéma indépendant, apporte ici un regard personnel sur des oeuvres qui accueillent le son ou la parole en leur sein. Les choix sont donc subjectifs ; la démarche est dépourvue de toute intention didactique et c'est sans doute ce qui fait son intérêt. 
Comme souvent au Musée d'art Moderne de Strasbourg, une muséographie intéressante: ici, l'espace a été disposé en labyrinthe (un plan vous sera donné à l'entrée). Si les oeuvres ont été numérotées pour y attacher une explication, rien ne vous oblige de suivre le circuit dans l'ordre. Pour ceux qui connaissent les expos-supermarché de Beaubourg où on fait la queue devant des étalages, ça change!

Du côté des oeuvres, j'ai particulièrement aimé Prendre la Parole de Christian Boltanski (2005). Vous pourrez tendre l'oreille pour écouter ce que vous murmurent des individus anonymes. De son côté, Annette Messager, disposée à l'entrée, fait du Annette Messager pour ne pas changer- on n'est pas obligé d'aimer et ce n'est pas mon cas..
Par contre, l'installation de Joseph Kosuth, Du Phénomène de la Bibliothèque ravira tous les geeks de la bouquinerie (j'avoue). L'oeuvre, créée en 2006, est une pièce remplie de livres, classiques fondateurs et autres, qui sont disposés selon une logique choisie par l'artiste. Elle est basée sur une citation de Michel Foucault qui lui a donné son titre: "L'imaginaire ne se constitue pas contre le réel pour le nier ou le compenser ; il s'étend entre les signes de livre à livre, dans l'interstice des redites et des commentaires ; il naît et se forme dans l'entre-deux des textes. C'est un phénomène de bibliothèque."
Sur les panneaux, trois citations annoncent aussi la parenté revendiquée: Barthes, Wittgenstein et José Ortega y Gasset. Il y a de quoi regarder quelques minutes, de quoi lire un peu, de quoi réfléchir et finalement, de quoi en causer.
C'est peut-être là que l'expo atteint son objectif: il y a le silence, la parole qui émane de l'oeuvre, puis celle du visiteur...

Si vous ne pouvez pas y aller, il y a un excellent site internet interactif, ici.
Sinon, pour plus d'énergie et de pédagogie, pour les enfants aussi mais pas que, il y a l'expo Chromamix 2.



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