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dimanche 5 septembre 2010

Là-derrière

"-Ben à peu près similaire. Ben on est...
C'était un samedi soir. On a été faire un tour sur Paris, on a roulé, tout ça, et puis à un moment on a garé la voiture et quand on a été dans les beaux quartiers on s'est promenés à pied. En se promenant, on s'est aperçus qu'il y avait sur le côté de la gare, quoi, il y a le restaurant. Une vue latérale. Et sur le côté, on s'est aperçus qu'il y avait des cabanons. Et dans les cabanons on voyait des cageots empilés. Et après on...
-Et puis après vous avez eu la lumineuse idée de commettre un vol avec effraction. Je vous signale quand même que le vol simple est puni théoriquement d'une peine maximale de trois ans de prison. Aggravé par une circonstance comme celle de réunion, ça monte à cinq ans. Et aggravé par une deuxième circonstance comme l'effraction, ça monte à sept ans. Donc tout à coup, vous avez une lumineuse idée, mais c'est quand même une peine théorique de sept ans."
Dans Paroles Prisonnières, Raymond Depardon essaie d'aller voir derrière les barreaux pour entendre les voix de ceux qui y vivent, mais aussi pour photographier ces lieux de jugement, de peines, de défense, qui sont devenus des lieux de vie.
Il n'est pas le seul a avoir été faire un tour dans cet espace de refoulement. De nombreux auteurs et photographes ont cherché à rencontrer ceux que l'on a jugés inaptes à la cohabitation avec la société d'aujourd'hui.  La prison intrigue ne serait-ce que parce qu'elle est fermée et qu'on ne sait pas tout à fait ce qui s'y passe. Certes, on ne punit plus, on surveille plutôt, on écarte surtout... Le voyeurisme n'est donc plus le même que si l'on assistait à une exécution, mais il est bien là. Moi aussi, cette curiosité certes un peu malsaine m'a piquée ; et dans ce cas, on cherche surtout à voir ce qui nous était caché.

Les photographes sont finalement assez nombreux à avoir traité ce sujet, mais avec des angles très personnels.

Jane Evelyn Atwood a fait plusieurs incursions derrière les grilles des prisons pour femmes : pour elle, le projet a été initié par la curiosité, poursuivi avec le souci de témoigner, achevé grâce à la colère. Elle prend ouvertement le parti des femmes souvent victimes des hommes qu'elles ont suivi, dont elles se sont défendues ou vengées.


Lizzie Sadin s'est intéressée aux mineurs à travers le monde, à leur absence trop fréquente d'autre recours pour avoir un abri ou un toit. Elle montre la différence des conditions de détention en Afrique, Asie, Europe, Amérique du Nord.


Klavdij Sluban s'intéresse à ces "parenthèses" carcérales d'adolescents en France, ex-URSS et ex-Yougoslavie, à ce quotidien en marge du temps actuel.

Pour Raymond Depardon, le texte et l'image se répondent pour ajouter les oreilles aux yeux, pour dire aussi ce qui constitue ce parcours chaotique vers la case prison.
Tous ces photographes, à plus ou moins grande envergure, ont en commun cette envie de parler de ce qu'ils ont vu et vécu comme pour évacuer un trop plein de témoignage auquel le cliché ne suffit plus, de faire parler ceux qu'ils ont rencontré, parfois pour les défendre, parfois seulement pour expliquer. Tous ont aussi en commun le noir et blanc, les noirs souvent plus que les blancs, les zones d'ombres, les minces rais de lumière qui filtrent dans les centrales. Ces choix esthétiques sont aussi des partis pris.

Beaucoup d'autres photographes ont évidemment travaillé sur le sujet, beaucoup ont témoigné par écrit également, et enfin, beaucoup de films, fictions et documentaires.
Deux bonnes surprises ces derniers temps :

-Dog Pound de Kim Chapiron, fiction sur le centre de détention pour mineurs d'Enola Vale, en Virginie. L'argument presse du film consistait à insister sur le fait que les acteurs étaient en fait de vrais délinquants juvéniles ayant causé beaucoup de complications lors du tournage. Argument douteux, mais excellent film, en fait. Le personnage principal, Butch, incarné par Adam Butcher, est absolument convaincant.

-Prison Valley, web docu novateur de Philippe Brault et David Dufresne, lancé ces derniers mois par Arte. L'exception, ici, est qu'on ne voyage pas derrière les barreaux, mais qu'on y examine tout ce qui s'organise autour du milieu carcéral, autour d'une vallée américaine qui a basé l'essentiel de son activité et de son économie sur les prisons, une industrie qui ne connaît pas la crise, surtout aux Etats-Unis. Le procédé est très intéressant aussi par son organisation : l'internaute se déplace lui-même dans la vallée, va vers les personnes interviewées, etc.

Quelques nourritures pour yeux / oreilles / idées, donc :
Jane Evelyn Atwood, Trop de peines : femmes en prison, Albin Michel, 2000.
Un photopoche vient également de paraître sur l'ensemble de son travail.
Lizzie Sadin, Mineurs en peines, photopoche société, Actes Sud, 2010.
Klavdij Sluban, Entre parenthèses, photopoche société, Actes Sud, 2005.
Raymond Depardon, Paroles prisonnières, Le Seuil, mai 2004.
Depardon a aussi faits des films documentaires sur la question, dont Délits Flagrants (1994) et 10e chambre, instants d'audience (2004).

mercredi 24 février 2010

Danse

Une première, mais la découverte méritait d'être partagée :



La vidéo n'est pas exceptionnelle, mais le spectacle, oui!
Il s'agit donc de Pal Frenak, en représentation pour quelques jours au Centre National de la Danse à Pantin. Et comme tout le monde n'habite pas Pantin, le spectacle a été filmé pour Arte Live Web ; il sera donc disponible sur le net dans quelques temps.

Il est difficile de résumer ou même de donner une idée de cette danse ; disons simplement qu'elle parle de désir, de violence aussi parfois, de manière tantôt dramatique, tantôt décalée. Ce travail au millimètre intègre des musiques et des mises en lumière parfaites : le résultat est aussi saisissant que réjouissant. Bref, ça vous prend et ça ne vous lâche plus.
Pour les sceptiques (même sur la vraie vidéo d'Arte), revenez pour le trio nu et (presque) final sur canapé, c'est simplement génial. Pour les sceptiques-sceptiques, mais amoureux d'Antony Hegarty, c'est sa merveilleuse reprise de Knocking on heaven's door qui achève la représentation. Pour les vraiment très sceptiques, je ne vois vraiment pas ce que je pourrais faire pour vous. Si, une image...

mercredi 27 janvier 2010

Feeling good!

C'est mercredi, c'est musique (n'y voyez aucune logique)
Cette chanson est à mon humble avis l'une des plus reprises-adaptées-massacrées.

ci-dessous, ma version préférée...

une autre version connue et appréciée...

la version classe mais franchement édulcorée

Pour le reste, je vous laisse chercher, il y a de quoi faire.
Tous les vieux beaux et/ou les monuments du jazz s'y sont frottés.

mercredi 1 juillet 2009

Il n'y a pas que Mickael dans la vie


Il y a Pina Bausch aussi. Enfin, il y avait.

La musique: Henry Purcell, The Fairy Queen, Act 5, the plaint "oh, let me ever, ever weep".




jeudi 21 mai 2009

Sons


Un petit post pour un petit lien intéressant: 
sur Arte Radio, on choisit ce qu'on écoute et il y en a pour tous les goûts.
C'est bien comme Arte, finalement.

Le site est vaste et fourni ; bref, il faut un peu fouiller mais ça vaut le coup.
J'ai un faible pour la rubrique "intimité".

Attention, ce site peut vous tuer une après-midi de boulot vite fait bien fait.

mercredi 25 mars 2009

Lieux / corps



Quelques mots sur Léa Crespi..
Il est difficile de parler de cette jeune photographe découverte par hasard dans l'excellente revue L'Insensé Photo. Ses images n'appellent pas le discours, mais plutôt une certaine discrétion.


Lieux, Mulhouse 2005, Léa Crespi

Dans cette série "Lieux", l'artiste réalise systématiquement des autoportraits nus dans différents espaces, souvent atypiques: friches industrielles, entrepôts désaffectés..
De son corps absolument mis à nu (elle a même le crâne rasé), Léa Crespi crée presque un décor pour les vrais sujets de ses photos: les lieux.
Ce corps vulnérable est le référent constant dans toute la série, tandis que les espaces, eux aussi vulnérables et abandonnés par la civilisation, défilent. L'image est souvent focalisée sur le lieu, tandis que le corps pourtant si présent au premier plan, est flou.
Si cette série est marquée par une lumière plutôt grise, vous pourrez découvrir tout le travail de l'artiste sur son site internet.
Là, vous découvrirez de nombreux portraits, parfois presque des portraits "de cour" (cf. ceux Christine Albanel ou Beigbeder, en qui certains malheureux verraient les "grands de ce monde"). Là, la lumière d'un Saul Leiter domine et donne à tout et à tous couleur et chaleur dans des perspectives travaillées.
Elle a par exemple réalisé des photos du groupe Moriarty..




Quelques données pratiques: L'Insensé Photo est une revue qui publie un numéro de grand format par an sur un thème précis. Il s'agit généralement d'un pays, à part le premier numéro consacré aux femmes, malheureusement introuvable pour le moment. Les sélections sont personnelles et sans but didactique. La photo de Léa Crespi est parue dans le numéro 5 sur la "French Touch". On trouve l'Insensé en librairie spécialisée ou sur commande.
Le site internet de Léa Crespi garantit d'excellentes découvertes.
Moriarty sera prochainement en concert à la Laiterie: chaussez vos mocassins à franges!



mercredi 25 février 2009

Musique!



Une petite touche de musique de temps en temps.
Proposez les vôtres!

Aujourd'hui, c'est la Sonnerie de Sainte-Geneviève du Mont, de Marin Marais

vendredi 23 janvier 2009

Une partie de campagne







En ces temps pluvieux et moroses, commençons par un peu de naïveté.
Je ne vous incite pas à aller courir nus dans les champs: il fait trop froid et vous vous attireriez des problèmes avec le voisinage..


Ces images sont faites par Ryan McGinley, un jeune photographe Américain. Quand il travaille, il trimballe ses amis dans un van à travers les Etats-Unis et les photographie tous les jours, nus dans la nature.

Le coté hédoniste et même assez peace & love de ses images est revendiqué par l'artiste:

"Nous allions souvent dans les bois et dans le désert, nager dans les lacs et les océans, nous sautions des ponts et dansions dans les maisons et chambres d’hôtel. J’ai toujours voulu photographier les Etats-Unis, en hommage aux photographes américains comme Robert Franck et Richard Avedon, et aussi dans l’esprit des road trips et road movies américains. C’est une célébration de la liberté, une façon d’échapper aux contraintes de la réalité, avec pour toile de fonds la beauté des paysages américains."




Les images sont nombreuses et toutes assez différentes; certaines dégagent même un certain malaise: les corps semblent mis en danger. Beaucoup de Français trouvent pourtant ces images niaises. Sans doute aussi que nous sommes moins sensibles aux grands espaces.. ou sinon c'est moi qui ai vraiment un gros besoin de vacances?


En tous cas, je ne saurai que trop vous encourager à aller y voir de plus près, ici
Et si comme moi vous avez une poussée bucolique, les images iront très bien avec

Découvrez Vampire Weekend!


Et hop, c'est l'été en janvier..