mercredi 25 mars 2009

Lieux / corps



Quelques mots sur Léa Crespi..
Il est difficile de parler de cette jeune photographe découverte par hasard dans l'excellente revue L'Insensé Photo. Ses images n'appellent pas le discours, mais plutôt une certaine discrétion.


Lieux, Mulhouse 2005, Léa Crespi

Dans cette série "Lieux", l'artiste réalise systématiquement des autoportraits nus dans différents espaces, souvent atypiques: friches industrielles, entrepôts désaffectés..
De son corps absolument mis à nu (elle a même le crâne rasé), Léa Crespi crée presque un décor pour les vrais sujets de ses photos: les lieux.
Ce corps vulnérable est le référent constant dans toute la série, tandis que les espaces, eux aussi vulnérables et abandonnés par la civilisation, défilent. L'image est souvent focalisée sur le lieu, tandis que le corps pourtant si présent au premier plan, est flou.
Si cette série est marquée par une lumière plutôt grise, vous pourrez découvrir tout le travail de l'artiste sur son site internet.
Là, vous découvrirez de nombreux portraits, parfois presque des portraits "de cour" (cf. ceux Christine Albanel ou Beigbeder, en qui certains malheureux verraient les "grands de ce monde"). Là, la lumière d'un Saul Leiter domine et donne à tout et à tous couleur et chaleur dans des perspectives travaillées.
Elle a par exemple réalisé des photos du groupe Moriarty..




Quelques données pratiques: L'Insensé Photo est une revue qui publie un numéro de grand format par an sur un thème précis. Il s'agit généralement d'un pays, à part le premier numéro consacré aux femmes, malheureusement introuvable pour le moment. Les sélections sont personnelles et sans but didactique. La photo de Léa Crespi est parue dans le numéro 5 sur la "French Touch". On trouve l'Insensé en librairie spécialisée ou sur commande.
Le site internet de Léa Crespi garantit d'excellentes découvertes.
Moriarty sera prochainement en concert à la Laiterie: chaussez vos mocassins à franges!



lundi 16 mars 2009

Clic-clac #2

Encore une fois ce jeudi, la pose photo à la médiathèque Malraux, sur René Burri.



Photographe Suisse vivant en France, René Burri s'est d'abord intéressé au cinéma avant de s'établir comme photographe de presse, collaborant notamment avec le magazine Life. Témoin des grands événements de la seconde moitié du XXe siècle, il a notamment pris des clichés célèbres de Che Guevara, des guerres de Corée ou de Picasso.
Toujours à 18h, toujours au 5e, et toujours une présentation de qualité..

Coups de coeur, oeuvres choisies et coup de gueule

Virginie Hils nous propose une balade dans le dernier accrochage de la Fondation Würth, ouverte il y a un peu plus d'un an à Erstein... avec quelques découvertes et surtout quelques grosses déceptions. A vous d'aller y voir pour vous faire votre avis..


Hans Arp, Dessin automatique, 1916

« Coups de cœur, Œuvres choisies » : voila le nom du nouvel accrochage de la fondation Würth (Erstein ).
Y a pas à dire : ils ont de la recherche chez Wurth, sûr qu’ils ont payés cher des mecs à bosser des jours entiers pour dénicher ce titre original et tellement atypique. Coups de cœur donc, mais… de qui ? on ne saura pas… Le collectionneur Rheinhold W lui-même ? Le titre me fait un peu penser à l’expo « Picasso et les maîtres », après tout, on a bien le droit de se faire seulement plaisir, sans vouloir absolument prétendre à apporter de nouvelles informations à l’histoire de l’art (ah je reconnais bien mon coté scientifique qui prend le dessus là…tous ces millions d’euros..tss tss. .. on est quand même en temps de crise, sans déconner..). C’est vrai quoi ! C’est tellement extraordinaire de s’inspirer de ses prédécesseurs, merci aux commissaires de nous avoir ouvert les yeux ! Würth, lui, seul maître à bord de sa fondation, nous offre l’immense privilège de nous dévoiler ses coups de cœur (sans explication, faut pas exagérer non plus) : des chef d’œuvres donc, quelque peu ternis par l’accrochage (pas vraiment un coup ..de maître). Si Anselm Kiefer a droit a un mur a lui seul, en point d’orgue de l’allée centrale, 2 autres de ces œuvres, pourtant superbes sont placées en retrait dans une espèce de corridor , qui ne permettent pas vraiment le recul nécessaire pour apprécier . Ce recul est également impossible devant le tableau panoramique de Botéro, accroché dans un couloir d’ 1,50 m de large à l’étage. Mais ce qui me chagrine le plus, ce sont les sculptures , pas réellement mises en valeur : celle en acier très déstabilisante d’Anthony Caro, mise dans un coin (elle est punie ?).D’ailleurs, cela dit en passant, Caro ne serait pas content d’apprendre que sa sculpture cotoîe un tableau de Lichtenstein et un autre de Basquiat, lui qui a affirmé très récemment que le pop art n’était pas son langage . Bon, t’en fais pas Rheinbold, t’y peux rien, t’as laissé parler ton cœur, on a eu quand même beaucoup de plaisir à visiter l’expo, voir deux œuvres (c’est rare) de Christo et Jeanne-Claude, des tableaux de Richter –grandiose- et de découvrir Stephan Balkenhol . On oublie pas Soto et sa sphère captivante à l’entrée. Pas mal non plus d’avoir mis de la couleur en peignant la salle « surréaliste » en rouge (le rouge du logo Würth hein, faut pas pousser non plus), les dessins de l’alsacien Arp ressortent parfaitement bien.
U
ne dernière petite chose, que je remarque vraiment à contre cœur : connais-tu des artistes femmes ??(parce qu'à part Jeanne Claude, j’en vois aucune).

mardi 3 mars 2009

Manifeste


Un petit mot proposé par Anne-Catherine sur ce Manifeste pour les produits de première nécessité, rédigé par Ernest Breleur, Patrick Chamoiseau, Serge Domi, Gérard Delver, Edouard Glissant, Guillaume de Pigeard de Gurbert, Olivier Portecop, Olivier Pulvar, Jean-Claude William.
Il s'agit ici de la situation actuelle pour la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Réunion.

Les auteurs affirment collectivement leur soutien au mouvement social qui secoue ces îles en ce moment. Au delà de l'aspect politique des événements, le Manifeste veut mettre au jour la puissance poétique qui se dégage des actes et des revendications en cours.

"Par cette idée de haute nécessité, nous appelons à prendre conscience du poétique déjà en oeuvre dans un mouvement qui, au-delà du pouvoir d'achat, relève d'une exigence existentielle réelle, d'un appel très profond au plus noble de la vie. Alors que mettre dans ces "produits" de haute nécessité?
C'est tout ce qui constitue le coeur de notre souffrant désir de faire peuple et nation, d'entrer en dignité sur la grand-scène du monde, et qui ne se trouve pas aujourd'hui au centre des négociations en Martinique et en Guadeloupe, et bientôt sans doute en Guyane et à la Réunion.
(...) C'est dans l'irresponsabilité collective que se nichent les blocages persistants dans les négociations actuelles. Et c'est dans la responsabilité que se trouve l'invention, la souplesse, la créativité, la nécessité de trouver des solutions endogènes praticables. C'est dans la responsabilité que l'échec ou l'impuissance devient un lieu d'expérience véritable et de maturation. C'est en responsabilité que l'on tend plus rapidement et plus positivement vers ce qui relève de l'essentiel, tant dans les luttes que dans les aspirations ou dans les analyses."

Un découpage de ma part un peu barbare où politique et poétique se rencontrent néanmoins.
Pour ceux qui souhaitent se faire une idée du texte dans sa totalité, il est disponible via ce lien.
Je peux aussi vous envoyer le texte en pdf.