mardi 29 décembre 2009

Kitsch


Dans L'insoutenable légèreté de l'être, Milan Kundera parle du kitsch comme de "la négation absolue de la merde ; au sens littéral comme au sens figuré, le kitsch exclut de son champ de vision tout ce que l'existence humaine a d'essentiellement inacceptable".
Le kitsch sert donc à voiler tout ce qu'on préfèrerait ne pas voir, en produisant une forme acceptable sans condition, absolument consensuelle.

Ce surajout de perfection absolue, Milan Kundera le décrit aussi historiquement et le place au fondement de certains mythes :
"Derrière toutes les croyances européennes, qu'elles soient religieuses ou politiques, il y a le premier chapitre de la Genèse, d'où il découle que le monde a été créé comme il fallait qu'il le fût, que l'être est bon et que c'est donc une bonne chose de procréer. Appelons cette croyance fondamentale l'accord catégorique avec l'être. Il s'ensuit que l'accord catégorique avec l'être a pour idéal esthétique un monde où la merde est niée et où chacun se comporte comme si elle n'existait pas. Cet idéal esthétique s'appelle le kitsch".
Dans l'art, il est sans doute né d'une rencontre : celle entre l'envie de posséder l'art chez soi et la possibilité de le reproduire à bas prix. Bien présent, il n'est pourtant ni un genre, ni une tendance affirmée de l'art... jusqu'à certains artistes marqués par le pop art. Tout semble avoir changé depuis que l'art ne dicte plus ses lois à la société de consommation ; au contraire, il s'inspire d'elle, des couleurs et du matraquage de la pub. Les codes visuels du kitsch acquièrent leurs lettres de noblesse dès lors qu'une boîte de soupe ou une banane jaune fluo obtiennent leur ticket d'entrée au musée.
Aujourd'hui, beaucoup d'artistes s'inspirent de cette évolution : allez voir le caniche violet brillant de Jeff Koons, ou, mieux encore, les photos du duo Pierre&Gilles. Costumes, paillettes, fond étoilé, fleurs en plastique, tout y est.
Pour Milan Kundera, le régime communiste (où se déroule le roman et que l'auteur a connu) se rattache à cet idéal autant qu'il le peut, il s'appuie sur cette utopie esthétique pour faire croire à sa perfection, à sa viabililté. Sans doute est-ce alors politiquement que Kundera voit le kitsch comme "la station de correspondance entre l'être et l'oubli".

mardi 22 décembre 2009

Antoine d'Agata

"C'est un personnage. un individu, de sexe masculin, qui marche, se déplace, s'arrête, fait l'amour, boit, se drogue, continue à avancer. C'est un personnage de nuit qui finit par s'approcher de la définition stendhalienne du roman, à force de marcher sur une route et de lui servir de miroir. Peut-être, d'ailleurs, ce personnage est-il à lui seul un roman.
C'est un personnage qui s'organise dans le temps, dans une chronologie et des localisations qui font semblant de nous révéler un espace-temps, qui n'est, si l'on est un tant soit peu attentif, qu'une nouvelle fiction : les traces du personnage, même organisées ainsi, étonnamment sages par rapport aux agissements de l'individu, ne nous apprennent, en fait, rien de crédible ou de certain. Mais il est vrai que la seule trace de ces déplacements est photographique. A considérer, donc, avec la plus grande prudence. A mettre à la fois en doute et en cause."
Christian Caujolle, préface de Vortex, Séoul, mai 2003.

Antoine d'Agata erre depuis des années à travers le monde, ayant abandonné tout point d'attache géographique ; il se limite à ce qui le tient psychologiquement : la nuit, la drogue, le sexe. Une certaine dérive qu'il photographie avec avidité. De fait, le regard osé par l'artiste sur son univers glauque est toujours libre de jugement ou d'opinion. A croire que pour lui, il ne s'agit toujours que d'emmagasiner le maximum d'instants vécus, le maximum d'excès.
Son oeil particulier, sans doute le tient-il en partie de Nan Goldin et Larry Clark avec qui il a appris la photographie. Pour le reste, c'est sa vie de chaque nuit qui crée le travail. Un moment chassant l'autre, le photographe immortalise avec tout ce qu'il peut : Leica, polaroïd, appareil jetable.



A voir : les séries Mala Noche, Insomnia, Vortex, Paysages et plein d'autres.
Pour les infos, le bon site documents d'artistes.

mercredi 9 décembre 2009

Texte # 2

" Dès les poulets décarrés, tout le monde a mis les adjas. Josy et Lola restaient sur la banquette, déponnées à zéro devant leur double Martel. J'ai demandé à Josy :
- Tu penses pas que Riton va maintenant rabattre dans le secteur pour vous emmener en java ? Vaudrait certainement mieux vous casser aussi.
Elles l'ont admis. J'ai casqué leurs additions, comme un gentleman. Sous le comptoir, j'ai récupéré mon calibre, là où la mère Bouche me l'avait planqué, puis on a ripé.
Dehors, un petit vent frisquet balayait la nuit claire, pleine d'étoiles. Ca rafraîchissait les idées.
Josy à ma droite, toute gironde dans son manteau de skunks. Lola en opossum, à ma gauche, devaient me donner l'air d'un micheton prêt au régal. Un moment, je suis resté en arrière pour allumer une pipe. C'était féérique, ces deux frangines, leurs guambilles longues gainées quinze deniers, jouant la clarté de la lune. Pas besoin d'imagination pour se mettre en train. Le pétoulet centrifuge vous amenait tout seul à température !
Dans la rue de Vanves, personne ne nous filait le train. On a dû marcher jusqu'à l'avenue du Maine pour trouver un bahut convenable, une traction noire, toute neuve. Le chauffeur, avec sa tronche de gentil voyou pour petite commerçante, ne s'est pas gouré sur noszigues. Comme Josy lui donnait l'adresse du "Mystific", la taule où elles se défendaient toutes les deux, il a précisé lui-même :
- Entrée des artistes !
Pour la douce chaleur des cuisses, le modelé des hanches, les effluves inspirants, durant le parcours, je me suis trouvé gâté, entre ces deux mômes. Hélas ! le moment se prêtait peu à l'aveu de mes émois aux bergères ; elles n'avaient qu'une idée dans le trognon : rejoindre le Mystific, où Riton avait peut-être laissé une commission. "

Albert Simonin, Touchez pas au grisbi! (les bonnes éditions contiennent un lexique de l'argot années 50, le vrai).

lundi 23 novembre 2009

Bulles sans fond

Pfiou, pas beaucoup de temps, pas internet et peu de motivation ces derniers temps... 
Les repères parisiens se font peu à peu et je trouve des endroits gratuits pourvus d'un rayon BD à peu près digne de ce nom. A 30 minutes de métro. Et sûrement pas aussi bien pourvus que la Bibliothèque Malraux. Mais bref, ça se met en place.

Des bulles, donc!

La bulle de Dash Shaw est celle d'une famille réunie autour d'une séparation. Une sorte de huis clos au bord de la mer, où tous s'observent et tentent de se comprendre les uns les autres. 
Chacun se scrute aussi lui-même en regard des autres. Est-ce à dire que chacun observe son nombril sans fond? Peut-être est-ce une explication du titre. On fouille, en tout cas.

Dash Shaw révèle tous ses personnages avec une grande subtilité, à travers le prisme de leurs réactions, de leurs émotions, de ce qu'ils disent les uns des autres. On a le sentiment que l'auteur est aux petits soins pour son lecteur, il veut que nous entrions dans son texte et que nous saisissions sa parole. Pour cela, il restitue tout l'environnement avec la plus grande fidélité possible et sans économie.

Le livre, riche de plus de 700 pages, se laisse pourtant lire (dévorer?) rapidement. Il est très construit, organisé en 3 temps selon les membres de la famille. Et très beau, aussi.
Sorti l'an dernier, il a été acclamé par tous, d'autant plus que l'auteur n'avait que 25 ans. Je l'ai abordé presque sceptique, j'en ressors conquise. Allez-y les yeux grands ouverts!



Bottomless Belly Button, de Dash Shaw, trad. de l'anglais par Sidonie Van Den Dries, Fantagraphic Books (US), éditions çà et là (France), 2008.

jeudi 1 octobre 2009

London!


La bonne idée envoyée par Amandine. Parce que oui, ce blog est AUSSI international (la classe). Merci Amandine! 

Cet été, le sculpteur Antony Gormley invite les gens du Royaume Unis à participer à la création d'un étonnant monument vivant.

 Il leur propose d'occuper le quatrième pillier vide de Trafalgar Square à Londres...un endroit réservé normalement aux statues de Rois et Généraux. Ils deviennent ainsi la représentation de l'humanité toute entière.

Toutes les heures, 24h sur 24, pendant 100 jours sans interruption, une personne différente s'approprie le pillier. Les personnes selectionnées peuvent utiliser leur heure comme ils le souhaitent. One and Other est ouvert à tout le monde, venant de n'importe où au Royaume Uni, ayant au moins 16 ans et souhaitant participer à cette expérience artistique inoubliable.

Selon Gormley, cette utilisation de ce quatrième pillier est l'expression même de ce qui fait de Londres une ville exceptionnelle : sa population  et sa diversité.

Une webcam filme en permanence et en direct les prestations des volontaires : pour plus d'information, vous pouvez visiter oneandother.co.uk.

Antony Gormley on the Fourth Plinth from One & Other on Vimeo.


lundi 28 septembre 2009

Feu !


Cette image, c'est celle d'une destruction, publiée à l'heure de la reconstruction...
Deyrolle, le célèbre taxidermiste parisien et magasin -plus que cabinet- de curiosités a brûlé en février 2008. Lors de l'incendie, touchant le premier étage, une partie des meubles et des animaux y est passée, réservant aux pompiers d'étranges surprises...
Le magasin retapé a rouvert ses portes au public. Vous pourrez à nouveau y voir toutes sortes bêtes sur pattes petit format (papillons, phasmes, scarabées etc..) et grand format ( du faon à la girafe), ainsi que des reptiles, et quelques coquillages et crustacés. Bref, rien de comestible, mais de quoi nourrir les curiosités et les mirettes à l'oeil.
De l'incendie, le photographe Laurent Bochet a tiré une série à la fois drôle et apocalyptique, où les animaux à moitié mangés par le feu semblent encore poser avec les pompiers dans leur intérieur bourgeois et pourtant dévasté.
Les images sont nommées comme la chaleur atteinte au coeur du brasier : 1000°. Elles sont exposées en ce moment chez Deyrolle parmis leurs modèles dont cerrains sont devenus des stars de la publicité.
Un livre beau mais cher (120e) est édité pour l'occasion chez Assouline.
Visite: 46, rue du Bac, 75007, Paris.
Pour plus d'infos (et de photos), le site internet de Deyrolle.

mercredi 16 septembre 2009

La chose génitale


Désiré-Magloire Bourneville et Paul Regnard,
Attaque d'Hystérie, Première Phase, vers 1877.
Planche 2 de l'Iconographie Photographique de la Salpêtrière
Institut de France

"Je songe à ce qu'en dit Freud dans Malaise dans la Civilisation sur le redressement de l'animal à quatre pattes : lorsqu'il se met debout, le singe devenu homme perd l'odorat. En clair, ses organes sexuels s'éloignent de ses narines. Seul le coït, dit Freud, redonne à l'être humain le sens et le goût des humeurs de sexe. Il y faut un "lâcher-tout" qui n'est pas sans rapport avec la transe ; et comme dirait le professeur Charcot à propos des crises d'hystérie qu'il suscitait sous les yeux du jeune Freud à Paris, "il y a de la chose génitale là-dedans"."
Dans Le Féminin et le Sacré, Julia Kristeva et Catherine Clément reprennent ces propos de Charcot sur l'extase des femmes à la Salpêtrière.

Désigner la "chose génitale" dans l'hystérie, c'est d'abord se référer à l'étymologie du terme, liée au terme d'utérus. Jusqu'au XIXe, on pensait en effet que l'hystérie était une pathologie due à la remontée de l'utérus dans le corps.
Mais désigner cette chose monstrueuse, c'est aussi rappeler que, socialement (et sous certaines influences religieuses), la place des organes fait aussi office de hiérarchie. En haut, le noble : la tête où siège la pensée, la séduction chaste de la chevelure, les yeux (paraît-il fenêtres de l'âme), les larmes. En bas, l'ignoble : les déchets corporels, l'ancrage dans la terre, et le siège qui est aussi au principe des pulsions (paraît-il animales)...
Dans l'hystérie, quand la femme se change en bête, il ne pouvait y avoir que de la chose basse et animale. Mais pourquoi la femme en particulier?
La femme, c'est le sujet d'étude du docteur Charcot, psychiatre à la Salpêtrière à la fin du XIXe siècle. Il s'intéresse alors à l'hystérie, crée une ville psychiatrique dans Paris, tente de comprendre et de classer les pathologies en "types". Pour ce faire, il installe un service photographique dans ses locaux et élabore une iconographie des "folles".

Dans L'Invention de l'Hystérie, Georges Didi-Huberman s'intéresse plus au médecin et à sa démarche qu'aux patientes de la Salpêtrière. Il interroge ce lien étrange entre celui qui soigne, observe et parfois contemple ses innombrables modèles- autour de 4000 femmes étaient alors enfermées là. En effet, Charcot fit plus oeuvre d'exhibition que de guérison. Dans ses fameuses "leçons du mardi", on se presse pour voir et entendre les folles, on classe, on désigne.
Georges Didi-Huberman tente de décripter cette micro-société basée sur le spectacle et sur l'image, rendue possible par les progrès de la photographie.
Quand il parle d'Invention de l'Hystérie, l'auteur pense le terme "inventer" comme créer, puis comme imaginer- abuser déjà de cette création-, et enfin comme trouver (comme on invente un trésor), c'est-à-dire tomber sur la chose par hasard.
De toute évidence, Charcot serait alors tombé sur une chose génitale. Ah tiens.

Je vous le conseille donc: Invention de l'Hystérie, Charcot et l'Iconographie Photographique de la Salpêtrière de Georges Didi-Huberman.

Texte

Nouveau procédé : une fois de temps en temps, un simple extrait d'un livre que je suis en train de lire et que j'aime.
Envoyez les vôtres...

"Ni trop relâchée, ni trop coincée, voilà Capri.
J'étais attablée dans un café de la place. Plus exactement, j'étais attablée sur la place, tant ce café a élargi son territoire de sièges en bambou poussés sous des guéridons en bambou guère plus grands que des soucoupes.
J'avais mon ordinateur portable sur les genoux- c'était le seul endroit possible- et je dégustais un espresso avec une part de torta Caprese, lorsque je t'ai vue passer sur la place, juste à la limite de l'extension du bar.
Tu portais une robe sans manche et des sandales, et je me suis rendu compte que tu faisais partie de ces belles dames sans âge, et que ton compagnon, quelque peu sinistre, avait les cheveux grisonnants. Je sais ce que je suis : petite, fugace, marginale, personne ne se retournerait sur moi. Toi, tu avais l'habitude d'attirer les regards, c'est évident.
Tu t'es arrêtée devant une boutique qui vendait de lourds bijoux d'améthyste. Le vendeur est apparu tel un génie hors de sa jarre et il t'y a prestement fait entrer. Ce qui m'a laissé le temps de régler mon addition, de ranger mon portable et d'observer ton mari. Si c'était ton mari."

Powerbook, de Jeanette Winterson, Editions de l'Olivier, traduit de l'anglais par Suzanne V. Mayoux.

jeudi 27 août 2009

La bonne idée d'Angela

Du théâtre péchu dans les friches

Oyez, oyez strasbourgeois, 
sortez de votre ville !
au-delà de ses frontières se passent plein de choses passionnantes. 

- en ce moment, plongez dans le festival Premiers Actes. J'en ai découvert l'une des pièces, jouée par une troupe internationale dans la friche industrielle textile de Wesserling : ca vaut vraiment le détour. 
http://www.premiers-actes.eu/

- autre proposition fort sympathique : le légendaire théâtre du peuple de bussang vous entraîne dans des créations théâtrales étourdissantes jusqu'à la fin du mois d'aout : allez-y tant qu'il en est encore temps, le lieu est magique !! http://www.theatredupeuple.com/site.html

... voilà, c'est tout, bises à tous, bon courage pour le mémoire des uns et des autres... 

lundi 17 août 2009

La révolution des crabes

Bon, ça bosse dur pour cause de déménagement à Paris et de mémoire en ce moment.
Pas le temps, donc.

Juste une petite vidéo pour faire passer la fin de l'été qui finit justement trop vite:

mardi 21 juillet 2009

TOP 5! (2)

Un top 5 de garçons.
Mais ça ne veut pas dire qu'il y aura un top 5 "spécial filles" après. On n'est pas dans Star Club, non plus.

LES TOP 5 DE...

Pierre:
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac
Victor Hugo, Les Châtiments
Pierre Choderlos de Laclos, Les Liaisons Dangereuses 
Racine, Bérénice
Victor Hugo, Les Contemplations


Léo:
Louis-Ferdinand Céline, Voyage au Bout de la Nuit
Georges Orwell, 1984
Boris Vian/ Vernon Sullivan, J'irai cracher sur vos tombes
Charles Bukowski, Journal d'un vieux dégueulasse
Will Durant, L'Histoire des Civilisations


David:
Will Self, Dorian
Charles Bukowski, Ham on Rye
Georges Orwell, 1984
Philip Roth, Zuckerman Bound
John Updike, Rabbit at Rest


Fayçal:
Lord Byron, Childe Harold's Pilgrimage
Charles Bukowski, Contes de la Folie Ordinaire
Samuel Beckett, Acts without Words
Oscar Wilde, Oeuvres complètes
Edgar A. Poe, The Raven
Ezra Pound, The Cantos
Milton, Paradise Lost




mercredi 1 juillet 2009

Il n'y a pas que Mickael dans la vie


Il y a Pina Bausch aussi. Enfin, il y avait.

La musique: Henry Purcell, The Fairy Queen, Act 5, the plaint "oh, let me ever, ever weep".




lundi 8 juin 2009

Silences


Depuis le 18 avril et jusqu'au 23 août, le Musée d'Art Moderne et Contemporain de Strasbourg accueille l'exposition "Silences", proposée par le cinéaste Marin Karmitz. Ce sont d'abord les affiches exposées dans Strasbourg qui m'ont donné envie d'aller y jeter un oeil: une annonce épurée, réduite au minimum, mais servie par une typographie originale. 

Marin Karmitz, fondateur de MK2 et défenseur du cinéma indépendant, apporte ici un regard personnel sur des oeuvres qui accueillent le son ou la parole en leur sein. Les choix sont donc subjectifs ; la démarche est dépourvue de toute intention didactique et c'est sans doute ce qui fait son intérêt. 
Comme souvent au Musée d'art Moderne de Strasbourg, une muséographie intéressante: ici, l'espace a été disposé en labyrinthe (un plan vous sera donné à l'entrée). Si les oeuvres ont été numérotées pour y attacher une explication, rien ne vous oblige de suivre le circuit dans l'ordre. Pour ceux qui connaissent les expos-supermarché de Beaubourg où on fait la queue devant des étalages, ça change!

Du côté des oeuvres, j'ai particulièrement aimé Prendre la Parole de Christian Boltanski (2005). Vous pourrez tendre l'oreille pour écouter ce que vous murmurent des individus anonymes. De son côté, Annette Messager, disposée à l'entrée, fait du Annette Messager pour ne pas changer- on n'est pas obligé d'aimer et ce n'est pas mon cas..
Par contre, l'installation de Joseph Kosuth, Du Phénomène de la Bibliothèque ravira tous les geeks de la bouquinerie (j'avoue). L'oeuvre, créée en 2006, est une pièce remplie de livres, classiques fondateurs et autres, qui sont disposés selon une logique choisie par l'artiste. Elle est basée sur une citation de Michel Foucault qui lui a donné son titre: "L'imaginaire ne se constitue pas contre le réel pour le nier ou le compenser ; il s'étend entre les signes de livre à livre, dans l'interstice des redites et des commentaires ; il naît et se forme dans l'entre-deux des textes. C'est un phénomène de bibliothèque."
Sur les panneaux, trois citations annoncent aussi la parenté revendiquée: Barthes, Wittgenstein et José Ortega y Gasset. Il y a de quoi regarder quelques minutes, de quoi lire un peu, de quoi réfléchir et finalement, de quoi en causer.
C'est peut-être là que l'expo atteint son objectif: il y a le silence, la parole qui émane de l'oeuvre, puis celle du visiteur...

Si vous ne pouvez pas y aller, il y a un excellent site internet interactif, ici.
Sinon, pour plus d'énergie et de pédagogie, pour les enfants aussi mais pas que, il y a l'expo Chromamix 2.



jeudi 21 mai 2009

Sons


Un petit post pour un petit lien intéressant: 
sur Arte Radio, on choisit ce qu'on écoute et il y en a pour tous les goûts.
C'est bien comme Arte, finalement.

Le site est vaste et fourni ; bref, il faut un peu fouiller mais ça vaut le coup.
J'ai un faible pour la rubrique "intimité".

Attention, ce site peut vous tuer une après-midi de boulot vite fait bien fait.

dimanche 17 mai 2009

TOP 5!




Une première liste d'idées... 
Où quelques uns donnent leurs 5 lectures préférées. 
Je précise que l'exercice est une sacrée colle: tous les ex-aequo sont donc tolérés.

Quelques top 5 ont déjà été collectés et ils seront publiés petit à petit.
Aujourd'hui, les top 5 de trois "lettreuses".
N'hésitez pas à m'envoyer les vôtres par mail, ils auront tous leur heure de gloire.


LES TOP 5 DE...


Marie: 
Comtesse de Ségur, Les Malheurs de Sophie
Boris Vian, L'arrache-coeur 
Pierre Desproges, Les Chroniques de la haine ordinaire
Georges Perec, W ou le Souvenir d'enfance 
ex-aequo: Les Fleurs du Mal, Germinal, les Mafalda





Delphine: 
Virginia Woolf, Vers le Phare
Fédor Dostoïevski, Crime et Châtiment
Georges Bernanos, La Joie
Marcel Pagnol, Le Château de ma Mère
J.M.G. Le Clézio, Désert










Anaïs:
Marcel Proust, Du Côté de chez Swann
Edouard Glissant, Le Quatrième Siècle
Patrick Chamoiseau, Ecrire en Pays Dominé
Louis Aragon, Aurélien
Ahmadou Kourouma, Allah n'est pas obligé







dimanche 10 mai 2009

Purpose


De retour après une petite disparition..

Une super adresse proposée par Virginie.. je suis enthousiasmée, j'espère que vous le serez aussi!
Il y sera question de photo.. de quoi nourrir les yeux et donner des idées.

Découvrez  PURPOSE , excellent webmag photographique (indépendant et ...gratuit ! )
Le numéro Purpose du mois d'avril  nous présente le travail de  plusieurs photographes : Jacqueline Hassiks et sa série "Car girls" sur les mannequins dans les salons automobiles, Lise Sarfati et ses adolescentes dans  "Austin, Texas" , Anne Golaz et ses belles photos sur le monde rural ,les natures mortes énigmatiques de Véronique Ellena depuis la Villa Médicis, Yveline Loiseur, mais aussi Amy Stein, Françoise Huguier et bien d'autres à découvrir urgemment sur le site.....A noter également la parution du dernier livre de Diane Ducruet "Family Games" et les superbes photos de roms par Joakim Eskildsen .(les liens sont tous sur www.purpose.fr)
www.purpose.fr


J'en profite pour faire de la pub à Virginie qui expose en ce moment ses oeuvres à la médiathèque de Bischwiller. Là aussi, je suis enthousiasmée. 
Pour un avant-goût, allez jeter un oeil sur son blog: ICI.

vendredi 17 avril 2009

Controverses







Quelques suggestions envoyées par Maïté...

Partant de l'expo "Controverses, photographies à histoires" à la BNF jusqu'au 24 mai, Maïté nous propose de jeter un oeil sur les images d'Oliviero Toscani pour Benetton.
Depuis les années 90, le photographe manipule des images chocs pour aborder des thématiques fondamentales comme le racisme, l'homophobie, la peine de mort, la religion ou l'image du corps dans la société contemporaine.



Il travaille généralement sans slogan, laissant seulement parler l'image où il appose le logo Benetton. Mais Toscani ne craint de montrer ni la chair ni la maigreur, et il  n'a pas travaillé que pour Benetton: il a récemment fait beaucoup parler de lui avec cette photo d'une jeune anorexique, prise en septembre 2007, à travers laquelle il remettait en question les critères actuels de la mode. Cette campagne de pub pour la marque italienne No-l-ita a relancé le débat sur l'anorexie et le diktat de la minceur.


Pour en savoir plus sur lui et son travail, vous pourrez consulter sons site internet ici

mercredi 25 mars 2009

Lieux / corps



Quelques mots sur Léa Crespi..
Il est difficile de parler de cette jeune photographe découverte par hasard dans l'excellente revue L'Insensé Photo. Ses images n'appellent pas le discours, mais plutôt une certaine discrétion.


Lieux, Mulhouse 2005, Léa Crespi

Dans cette série "Lieux", l'artiste réalise systématiquement des autoportraits nus dans différents espaces, souvent atypiques: friches industrielles, entrepôts désaffectés..
De son corps absolument mis à nu (elle a même le crâne rasé), Léa Crespi crée presque un décor pour les vrais sujets de ses photos: les lieux.
Ce corps vulnérable est le référent constant dans toute la série, tandis que les espaces, eux aussi vulnérables et abandonnés par la civilisation, défilent. L'image est souvent focalisée sur le lieu, tandis que le corps pourtant si présent au premier plan, est flou.
Si cette série est marquée par une lumière plutôt grise, vous pourrez découvrir tout le travail de l'artiste sur son site internet.
Là, vous découvrirez de nombreux portraits, parfois presque des portraits "de cour" (cf. ceux Christine Albanel ou Beigbeder, en qui certains malheureux verraient les "grands de ce monde"). Là, la lumière d'un Saul Leiter domine et donne à tout et à tous couleur et chaleur dans des perspectives travaillées.
Elle a par exemple réalisé des photos du groupe Moriarty..




Quelques données pratiques: L'Insensé Photo est une revue qui publie un numéro de grand format par an sur un thème précis. Il s'agit généralement d'un pays, à part le premier numéro consacré aux femmes, malheureusement introuvable pour le moment. Les sélections sont personnelles et sans but didactique. La photo de Léa Crespi est parue dans le numéro 5 sur la "French Touch". On trouve l'Insensé en librairie spécialisée ou sur commande.
Le site internet de Léa Crespi garantit d'excellentes découvertes.
Moriarty sera prochainement en concert à la Laiterie: chaussez vos mocassins à franges!



lundi 16 mars 2009

Clic-clac #2

Encore une fois ce jeudi, la pose photo à la médiathèque Malraux, sur René Burri.



Photographe Suisse vivant en France, René Burri s'est d'abord intéressé au cinéma avant de s'établir comme photographe de presse, collaborant notamment avec le magazine Life. Témoin des grands événements de la seconde moitié du XXe siècle, il a notamment pris des clichés célèbres de Che Guevara, des guerres de Corée ou de Picasso.
Toujours à 18h, toujours au 5e, et toujours une présentation de qualité..

Coups de coeur, oeuvres choisies et coup de gueule

Virginie Hils nous propose une balade dans le dernier accrochage de la Fondation Würth, ouverte il y a un peu plus d'un an à Erstein... avec quelques découvertes et surtout quelques grosses déceptions. A vous d'aller y voir pour vous faire votre avis..


Hans Arp, Dessin automatique, 1916

« Coups de cœur, Œuvres choisies » : voila le nom du nouvel accrochage de la fondation Würth (Erstein ).
Y a pas à dire : ils ont de la recherche chez Wurth, sûr qu’ils ont payés cher des mecs à bosser des jours entiers pour dénicher ce titre original et tellement atypique. Coups de cœur donc, mais… de qui ? on ne saura pas… Le collectionneur Rheinhold W lui-même ? Le titre me fait un peu penser à l’expo « Picasso et les maîtres », après tout, on a bien le droit de se faire seulement plaisir, sans vouloir absolument prétendre à apporter de nouvelles informations à l’histoire de l’art (ah je reconnais bien mon coté scientifique qui prend le dessus là…tous ces millions d’euros..tss tss. .. on est quand même en temps de crise, sans déconner..). C’est vrai quoi ! C’est tellement extraordinaire de s’inspirer de ses prédécesseurs, merci aux commissaires de nous avoir ouvert les yeux ! Würth, lui, seul maître à bord de sa fondation, nous offre l’immense privilège de nous dévoiler ses coups de cœur (sans explication, faut pas exagérer non plus) : des chef d’œuvres donc, quelque peu ternis par l’accrochage (pas vraiment un coup ..de maître). Si Anselm Kiefer a droit a un mur a lui seul, en point d’orgue de l’allée centrale, 2 autres de ces œuvres, pourtant superbes sont placées en retrait dans une espèce de corridor , qui ne permettent pas vraiment le recul nécessaire pour apprécier . Ce recul est également impossible devant le tableau panoramique de Botéro, accroché dans un couloir d’ 1,50 m de large à l’étage. Mais ce qui me chagrine le plus, ce sont les sculptures , pas réellement mises en valeur : celle en acier très déstabilisante d’Anthony Caro, mise dans un coin (elle est punie ?).D’ailleurs, cela dit en passant, Caro ne serait pas content d’apprendre que sa sculpture cotoîe un tableau de Lichtenstein et un autre de Basquiat, lui qui a affirmé très récemment que le pop art n’était pas son langage . Bon, t’en fais pas Rheinbold, t’y peux rien, t’as laissé parler ton cœur, on a eu quand même beaucoup de plaisir à visiter l’expo, voir deux œuvres (c’est rare) de Christo et Jeanne-Claude, des tableaux de Richter –grandiose- et de découvrir Stephan Balkenhol . On oublie pas Soto et sa sphère captivante à l’entrée. Pas mal non plus d’avoir mis de la couleur en peignant la salle « surréaliste » en rouge (le rouge du logo Würth hein, faut pas pousser non plus), les dessins de l’alsacien Arp ressortent parfaitement bien.
U
ne dernière petite chose, que je remarque vraiment à contre cœur : connais-tu des artistes femmes ??(parce qu'à part Jeanne Claude, j’en vois aucune).

mardi 3 mars 2009

Manifeste


Un petit mot proposé par Anne-Catherine sur ce Manifeste pour les produits de première nécessité, rédigé par Ernest Breleur, Patrick Chamoiseau, Serge Domi, Gérard Delver, Edouard Glissant, Guillaume de Pigeard de Gurbert, Olivier Portecop, Olivier Pulvar, Jean-Claude William.
Il s'agit ici de la situation actuelle pour la Guadeloupe, la Martinique, la Guyane et la Réunion.

Les auteurs affirment collectivement leur soutien au mouvement social qui secoue ces îles en ce moment. Au delà de l'aspect politique des événements, le Manifeste veut mettre au jour la puissance poétique qui se dégage des actes et des revendications en cours.

"Par cette idée de haute nécessité, nous appelons à prendre conscience du poétique déjà en oeuvre dans un mouvement qui, au-delà du pouvoir d'achat, relève d'une exigence existentielle réelle, d'un appel très profond au plus noble de la vie. Alors que mettre dans ces "produits" de haute nécessité?
C'est tout ce qui constitue le coeur de notre souffrant désir de faire peuple et nation, d'entrer en dignité sur la grand-scène du monde, et qui ne se trouve pas aujourd'hui au centre des négociations en Martinique et en Guadeloupe, et bientôt sans doute en Guyane et à la Réunion.
(...) C'est dans l'irresponsabilité collective que se nichent les blocages persistants dans les négociations actuelles. Et c'est dans la responsabilité que se trouve l'invention, la souplesse, la créativité, la nécessité de trouver des solutions endogènes praticables. C'est dans la responsabilité que l'échec ou l'impuissance devient un lieu d'expérience véritable et de maturation. C'est en responsabilité que l'on tend plus rapidement et plus positivement vers ce qui relève de l'essentiel, tant dans les luttes que dans les aspirations ou dans les analyses."

Un découpage de ma part un peu barbare où politique et poétique se rencontrent néanmoins.
Pour ceux qui souhaitent se faire une idée du texte dans sa totalité, il est disponible via ce lien.
Je peux aussi vous envoyer le texte en pdf.

mercredi 25 février 2009

Musique!



Une petite touche de musique de temps en temps.
Proposez les vôtres!

Aujourd'hui, c'est la Sonnerie de Sainte-Geneviève du Mont, de Marin Marais

lundi 16 février 2009

Clic-Clac


Pour tous ceux qui aiment la photo:
ce jeudi, comme tous les troisièmes jeudis du mois, c'est la pose photo à la médiathèque André Malraux.

Cette fois-ci, il sera question d'Eugène Atget:
"Eugène Atget est en quelque sorte le vénérable aïeul de la photographie française. Sa photographie possède à l'origine une valeur documentaire, et une mission, fixer sur le papier le monde qui lui est contemporain, en pleine mutation. C'est ainsi qu'il s'intéresse aux "petits métiers", alors en voie de disparition. Il s'attache également à garder le souvenir des lieux pittoresques de Paris, ce qui lui vaut aujourd'hui le surnom de "Balzac de la caméra".

C'est à 18h, au 5° étage..

mardi 10 février 2009

L'édifice immense du souvenir, ou presque.

Puisque pour l'instant, il est surtout question ici de mots et d'images, il est toujours temps d'allier les deux : un peu de BD, donc!

Les premières BD dont je me souviens réellement, celles que j'ai vraiment lues et aimées étaient dans les Je Bouquine. Là, normalement, ceux qui ont connu ça devraient faire "haan ouaaais!".
Un indice avec le trait si reconnaissable:Ce dessin constitue en fait un double indice: ils ont deux!
Et maintenant j'abrège votre calvaire en vous révélant le nom de notre divine et délicieuse super-héroïne, celle qui a parfois le droit de décider de l'heure qu'il est à la place de Chuck Norris, celle que quand elle marche, non seulement l'herbe repousse mais ça sert même d'engrais... j'ai nommé: Henriette.

Ah oui. J'admets que vue comme ça, Wonderwoman en prend un coup.
Il n'empêche que pour ceux qui ont eu 10 ans quand cette petite grosse en duffle-coat rédigeait son journal sous le trait de Dupuy et Berberian, ça laisse tout chose.
"Mais, quand d'un passé ancien rien ne subsiste, après la mort des êtres, après la destruction des choses, seules, plus frêles et plus vivaces, plus immatérielles, plus persistantes, plus fidèles, l'odeur et la saveur restent encore longtemps, comme des âmes, à se rappeler, à attendre, à espérer, sur la ruine de tout le reste, à porter sans réfléchir, sur leur goutelette presque impalpable, l'édifice immense du souvenir."
La phrase est longue mais on ne pouvait pas en demander moins à Marcel Proust (Du côté de chez Swann)!
Voilà donc une bonne occupation pour le prochain dimanche de pluie: tremper votre petite henriette-madeleine dans le thé!

Et parce que Dupuy et Berberian n'ont pas dessiné que Henriette, je vous conseille aussi d'aller jeter un oeil chez Monsieur Jean, la plus connue de leurs créatures.. ou encore de lire Petit Peintre. Et même Playlist, la dernière création de Berberian sans Dupuy, à mi-chemin entre la BD et le beau livre, pour ceux qui croient que le rock ne meurt jamais.
Enfin, si vous n'avez pas côtoyé le duo quand vous étiez encore bambin, vous apprécierez le dessin et les couleurs.

mercredi 28 janvier 2009

Eloge de la Créolité, par A.M.

« Nous devons nous habituer à l’idée que notre identité va changer au contact de l’Autre »

Edouard Glissant


Je reprendrai ici les mots et concepts d'une poignée d'auteurs qui ont -à mes yeux- écrit et pensé le monde de la façon la plus juste ces dernières années.


Ce qui ici me paraît intéressant -et donc à partager- c'est la façon dont ces deux auteurs: Patrick Chamoiseau et Edouard Glissant décrivent cette volte habile et rusée qui du néant et de la violence a su faire surgir la Créolité, premier maillon du Tout-Monde dans lequel nous vivons aujourd'hui.


Avec le système plantationnaire les Colons blancs ont pensé et mis en oeuvre la réunion de divers peuples : indiens caraïbes, africains de multiples ethnies dans un même lieu et sous l'égide absolu de la division.

Conception humaine entérinée par des années de gouvernement machiavélique : divide ut regnes.

Mettez dans un même lieu des peuples de cultures et surtout de langues différentes, et placez le tout sous la domination violente d'une culture et d'une langue étrangère qui se veut supérieure.

A partir de là, comment imaginer ne serait-ce que la possibilité de la moindre révolte contre l'ordre établi dans ce chaos babélien de langue et de culture ?


Et pourtant...


De là, de ce mélange forcé, de cette "mise en convergence massive, brutale et accélérée de peuples, de langues et de culture diverses", de ce processus de créolisation résulte la Créolité.


Et cette Créolité, c'est cette richesse incroyable dont tentent de témoigner Glissant et Chamoiseau à travers leurs oeuvres. (Mais aussi Raphaël Confiant, Jean Bernabé, Maryse Condé, Simone Schwartz-Bart, Alex Gauvin...)


C'est la possibilité de naissance au milieu de nulle part, au milieu d'une volonté même d'écrasement de toute possibilité, d'une culture de survie, d'une culture marquée par la domination, d'une culture d'une richesse inégalable.


« La Créolité est l'agrégat interactionnel ou transactionnel, des éléments culturels caraïbes, européens, africains, asiatiques, et levantins, que le joug de l'Histoire a réunis sur un même sol. (...) Nous avons goûté à toutes les langues, à toutes les parlures. Craignant cet inconfortable magma, nous avons vainement tenté de la figer dans ailleurs mythiques (regard extérieur, Afrique, Europe, aujourd'hui encore, Inde ou Amérique), de chercher refuge dans la normalité close des cultures millénaires, sans savoir que nous étions l'anticipation du contact des cultures, du monde futur qui s'annonce déjà. Nous sommes tout à la fois, l'Europe, l'Afrique, nourris d'apport asiatiques, levantins, indiens, et nous relevons aussi des survivances de l'Amérique précolombienne. La Créolité c'est le monde diffracté mais recomposé, un maelström de signifiés dans un seul signifiant : une Totalité. (...) la pleine connaissance de la Créolité sera réservée à l'Art, à l'Art absolument. »

Eloge de la Créolité, 1989.







Patrick Chamoiseau est né à Fort-de-France en Martinique en 1953, il est connu en France pour son roman Texaco prix concourt 1992. Il y a vingt ans aux côtés de Raphaël Confiant et Jean Bernabé il publie Eloge de la Créolité : manifeste artisitique, littéraire, politique du mouvement du même nom.












Edouard Glissant est un écrivain, essayiste, poète martiniquais né en 1928, qui a publié de nombreux ouvrages sur les Antilles : romans, poésie ou enquêtes sociologiques.










Un peu de sagesse créole dans la langue : Balyé bo la pot ou!